LE RESPECT S’ÉTENDRA DEVANT NOUS COMME
UN TAPIS DE VELOURS SUR LEQUEL
NOUS MARCHERONS PIEDS NUS SANS NOUS BLESSER. création 2007

ANCIEN SPECTACLE

Prostituée, artiste, révolutionnaire, Grisélidis Réal (1929-2005) est un OVNI littéraire : la source d'une parole incarnée, qui, par la grâce de son écriture, transmute sa vie en une fiction. Ses écrits ouvrent un espace de liberté vertigineux : un havre unique, délié de la morale (ou plutôt attaché à sa propre morale, reconstruite à travers son expérience propre). Un havre où exister, travailler, aimer, dans sa singularité, sans devoir s'en excuser. Un espace où une dignité gagnée de haute lutte s'autorise à défier l'apitoiement bien-pensant. 


Grisélidis Réal prolonge par la littérature sa place-forte, un lieu plein de luttes et de jouissances. Et c'est sous cette langue-là que palpite le spectacle Le respect... : d'un zénith (le temps où les clients se bousculaient) à un crépuscule (l'époque de la maladie, du corps qui cède), Le respect... offre à la geste réalienne une chambre d'écho, où résonne encore son chant, rugueux, drôle, intelligent, tissé de douceur et de colère. Infiniment humain.

Adaptation & mise en scène : Nicolas Kerszenbaum 
Musique : Erwann Guennec 
Régie Générale : Esther Silber 
Costumes : William Geandarme 
Avec : Clotilde Ramondou ou Magali Montoya et Raphaël Mathon

Presse

La mise en scène s'est placée loin d'un réalisme trash. Le spectacle pourrait être le dernier rêve de Grisélidis, ce fameux défilé d'une vie que l'on verrait passer avant la mort. Le spectateur s'installe dans l'intimité de la salle comme dans celle d'une chambre, accueilli par un homme à la tête de tigre. Le texte projeté s'imprime sur son torse. On a le sentiment d'assister à une cérémonie, un rituel. Le fantôme de Grisélidis vêtu d'une veste kimono et d'une perruque brune s'avance doucement. L'actrice Magali Montoya un large sourire aux lèvres tient le pathos à bonne distance et trouve l'empathie qu'il faut. Son complice Raphaël Mathon glisse en écho dans le rêve tantôt Grisélidis, tantôt l'ami Jean-Luc tantôt l'homme et tous les autres. Respect.
Mediapart


Drôle, tendre et violent.
Libération


C’est intelligent. Et, enfin, percent comme des fulgurances des endroits de poésie, écritures de combats, d’indignation face à la morale, de mort qui s’approche, de dernier amour. On dépasse le montage, on atteint presqu’une essence. La proximité est très bien pensée. Pas protégés, on n’a pas le droit de regarder ça de loin, pas l’espace de ne pas être concernés. Pour autant, et on en est reconnaissant, on n’est jamais pris au piège ou violenté. On est inclus, parce qu’on est proche, parce que l’adresse est claire, parce que la musique (majoritairement très belle) et la vidéo (percutante) nous transportent sans effort dans cette bulle. Bulle d’observation d’un certain aspect du monde en quelques sortes. Bulle d’émotions tenues aussi, de sourire pourfendeur de pathétique.
Theatraorama.com


Nicolas Kerszenbaum dépasse l'exercice du montage de textes pour élaborer une vraie écriture théâtrale, créer une boîte à songes qui fonctionnerait comme une chambre d'écho pour cette parole de l'intime et de l'altérité, et, simultanément, proposer au spectateur un vortex pour aborder les territoires de réflexion politique induits par la prostitution. Avec l'habillage sonore conçu par Erwann Guennec, Nicolas Kerszenbaum a assuré l'adaptation, la mise en scène et l'élaboration du dispositif scénique d'un spectacle narratif et réflexif qui, tissant le verbe et le corps, l'image et le son, le réel transcendé et la distanciation sensible, mérite le qualificatif souvent galvaudé de "total" et qui, en l'occurrence, résulte d'un travail maîtrisé et abouti avec, de surcroît, une vraie pertinence dramaturgique.
Froggy Delight