franchement, tu
théâtre fantastique ethnographique
franchementtu
Qu'est-ce que c'est, un théâtre fantastique ethnographique ?
Inventant un protocole pour chaque projet, la compagnie franchement, tu prend note des relations sociales et culturelles auxquelles elle assiste. A partir de ces observations, elle écrit des fictions qui intègrent des éléments surnaturels, puis les met en scène. La compagnie travaille ainsi à agencer différents niveaux de réalité : la saisie documentaire du tangible, mais aussi les souvenirs et leurs déformations, les attentes et leurs impatiences, les fantômes, les mythes. Elle tresse ce qui s’imbrique organiquement dans notre expérience d’êtres vivants : à la fois les événements que nous vivons et les histoires que nous nous racontons, l’un et l’autre s’enrichissant à chaque seconde.
En ce qui concerne les textes qu’elle produit, la compagnie s'inspire du réalisme magique de Jorge Luis Borges et de Gabriel Garcia Marquez (où des événements fantastiques que personne ne questionne surgissent dans une réalité banale), des écrits de Salman Rushdie (pour la magie et l'irrévérence qui racontent l'Histoire), des romans de Thomas Pynchon, de Richard Powers et Philip K. Dick (pour le foisonnement narratif), de la fantasy d'Ursula Le Guin (pour la banalité des mondes fantastiques), les comics anglais et américains des années 90 (Neil Gaiman, Chris Claremont, Alan Moore).
Pour ses mises en scène, la compagnie développe le travail qu’elle entreprend pour l’écriture des pièces, et creuse les allers-retours entre différents niveaux de réalité et de points de vue : recours à des dialogues banals, moments de flottaison purement plastiques, monologues distanciés, didascalies incarnées par les personnages, plages musicales, chansons.
La compagnie travaille le théâtre comme un lieu d’illusion assumée qui met à jour des vérités. En poussant le théâtre dans ses retranchements (par des dispositifs radicaux en termes de longueur, de lieu, de rapport aux spectateur.trice.s), la compagnie cherche à interroger les différentes couches de réalités, visibles comme invisibles, qui nous construisent.
Une genèse des spectacles en deux mouvements
Le premier temps de travail de la compagnie est ainsi la phase du glanage. Cette phase de collecte s'effectue lors de séjours longs (entre un et trois mois) et sur le terrain (à l'étranger comme en France). Par exemple,
Imperium (création 2026) s’inspirera de résidences à Tbilisi en Géorgie
Printemps (création 2025) d'un mois de marche printanière dans le bassin amiénois
Good Fortune (2024) s'est écrit à partir de deux mois passés à Kowloon, le quartier populaire de Hong Kong
Kairos (2023) d'immersions au Congo, en Thaïlande, à Cuba et aux USA
Un miroir thaï (2022) de plusieurs mois en Thaïlande
Une belle inconnue (2019), Perséphone (2022) et Nouveau héros (2014) ont été créés après des campagnes d'entretiens à Sevran (Seine-Saint-Denis)
Deux villes fantômes (2019) après deux mois à Cuba
Le lait et le miel (2014) s'inspire de trois mois passés en Israël et en Cisjordanie
A l'intérieur et sous la peau (2013) prend sa source dans une traversée estivale des Alpes, de Genève à Turin.
Tout droit (2012), de la traversée de la moitié nord de la France en ligne droite et à pied, de Dunkerque à la Loire.
Lors de ces temps de recherche, Nicolas Kerszenbaum tient un journal de terrain quotidien, parfois sous la forme d'une correspondance. Il enrichit ces notes d'entretiens avec des interlocuteurs locaux (activistes, historiens, universitaires, artistes, politiques, et aussi employés, ouvriers, retraités, vacanciers). Avec cette première phase, il tente de cerner avec précision les expériences des personnes qu'il croise, leurs dynamiques culturelles, les paysages aussi, sans les simplifier.
Le deuxième temps de travail est celui de l'écriture du spectacle. Cette phase se déploie sur un temps plus long :
d'abord, pendant entre une et trois semaines, l'équipe artistique et administrative (acteurs, actrices, éclairagiste, scénographes, musiciens et musiciennes, chargée de production) se retrouve pour un travail collectif de discussions dramaturgiques et d'improvisations
Nicolas Kerszenbaum écrit ensuite la pièce (entre deux et quatre mois),
l'équipe artistique se réunit enfin à nouveau pour entre quatre et six semaines de répétitions, où elle redéploie le texte, le retransforme, y intègre scénographie, musique, lumières, jusqu'à la première présentation publique.
L’esthétique des spectacles
Les spectacles ont beau s'inspirer de l'observation du réel, et donc d'une prise de parole brute, leurs textes cherchent à travailler une épaisseur littéraire qui se conjugue avec l'irréalité apparente des situations. Les personnages des pièces prennent en charge des narrations, des dialogues, des dialogues dans les dialogues ; dans une veine fantastique, les manuscrits enchâssent en montage cut différents lieux, différentes époques et différents niveaux de réalité (avec vivants, fantômes, rêves, fantasmes, dieux) ; en plus du français, les dialogues se disent en langue étrangère (cantonais, thaï, anglais, espagnol, hébreu).
Dans la même démarche d'infusion de la fiction par le réel, la musique des spectacles est toujours influencée par les cultures traversées : cantopop revisitée pour Good Fortune (où l'action se passe à Hong Kong), molam pour Un miroir thaï (qui se déroule à Kanchanaburi), reggaeton pour Deux villes fantômes (écrit à Cuba), etc.
La distribution est quant à elle souvent binationale.
Quand la compagnie ne se plonge pas dans une saisie distanciée du réel, elle réinvestit théâtralement des romans. Avec ces adaptations, elle cherche toujours à élargir le champ du théâtre : dans Swann s’inclina poliment, adaptation d’Un amour de Swann de Proust, le personnage de Charles Swann est interprété par les spectateurs ; dans Cœur des Ténèbres de Conrad, des spectateurs casqués marchent dans une forêt au crépuscule. Ces adaptations se construisent encore avec un œil rivé sur les sciences humaines – la théorie économique (Thomas Piketty) pour Proust, l’anthropologie (Vinciane Despret, Emanuele Coccia, Baptiste Morizot) pour Conrad.
Et hors du temps de création des spectacles ?
La compagnie travaille sur le terrain. Soit en collaborant avec des amateurs pour écrire avec eux des spectacles issus de leur expériences frôlant le fantastique (les projets Devins et Vertiges à Forbach), soit en créant des podcasts à partir de la parole de spectateurs (projet Constellations, à Amiens), soit en accompagnant des jeunes artistes pour fluidifier leur début de carrière (module de formation Repairs à Amiens), soit en randonnant avec des adultes qui écrivent alors sur leur rapport à la nature (projet Forêts dans la Somme). Plus toutes les activités de stages et interventions artistiques donnés dans des lycées des Hauts-de-France et d'Ile-de-France (interventions pour les options Théâtre, stages immersifs pour lycéens, etc.).
En sus, la compagnie sanctuarise des temps de recherche qui ne donnent pas naissance à des spectacles (projet Deux argonautes à partir d'une traversée de l'Europe faite en bus en 2022, projet Americana sur une traversée en train des USA faite en 2015), mais constituent autant d'interactions qui permettent à chacun d'être inspiré pour de nouvelles créations
Nicolas KERSZENBAUM
auteur, metteur en scène
Nicolas K
Metteur en scène, auteur, après un cursus d'Études Théâtrales (Paris X) et d’Économie, il se forme par des stages en France et à l'étranger (avec les Mabou Mines à New York, au Maxim Gorki Theater de Berlin, aux Wupperthaler Bühne à Wuppertal) et des assistanats (Peter Sellars, Irène Bonnaud, La Revue Eclair). Il fonde en 2005 la compagnie franchement, tu avec qui il écrit, adapte, met en scène une vingtaine de créations.
Récemment, il créé :
- Good Fortune, après deux mois de résidence de création autour de la divination chinoise à Hong-Kong (commande du Festival French May jouée au Théâtre 13, Paris, en novembre 2023 ; reprise à Hong-Kong en mai 2024)
- Cœur des ténèbres, d'après Conrad (avec la Scène Nationale de Vandœuvre, 2023)
- Kairos, une série théâtrale en 4 épisodes (2023, lauréat Villa Médicis Hors les Murs, avec les Tréteaux de France et la Maison de la Culture d'Amiens)
- Un miroir thaï, collaboration avec la compagnie thaï B-Floor Theatre (Bangkok, 2022, prix thaïlandais de la meilleure mise en scène de l’année)
- Perséphone (2022) pour le Théâtre de la Poudrerie
En 2024, il entame un laboratoire de recherche sur le renouveau (Printemps, mars 2024 à Amiens), un autre sur les pays de souvenirs (pour Imperium, à Tbilissi, Géorgie, en septembre 2024).
Auparavant, il a créé pour la Poudrerie - Théâtre des Habitants Une belle inconnue (en 2019) et Nouveau Héros (2014, joué plus de 150 fois) ; Deux villes fantômes à La Havane (2018) ; Swann s'inclina poliment, d'après Marcel Proust (lauréat Artcena, 2017) ; SODA (en 2012, une série théâtrale de douze heures en 8 épisodes, en co-écriture avec Denis Baronnet et Ismaël Jude).
Il travaille pour les Tréteaux de France jusqu’en 2022 : il y collabore avec Robin Renucci à la création de L’enfance à l’œuvre (Festival Avignon In, 2017) ; crée Ping pong (plus de 250 représentations) ; adapte Oblomov de Gontcharov (2020). Pour le Nouveau Théâtre de Montreuil, il intervient depuis dix ans auprès des lycéens en option théâtre du lycée Jaurès de Montreuil et des étudiants de la Sorbonne Nouvelle.
AMIENS MÉTROPOLE
RÉSIDENCE DE TERRITOIRE
Amiens
Associée à la Métropole d'Amiens depuis 2022, conventionnée avec la DRAC Hauts-de-France, la Région Hauts-de-France et le département de la Somme, la compagnie crée cinq spectacles en 2022 - 2023 :
Kairos, projet lauréat Villa Médicis Hors les Murs, issu de témoignages récoltés en France, au Congo, à Cuba, aux USA et en Thaïlande autour des désirs des artistes et de leurs conditions de vie – création en mars 23 à la Maison de la Culture d’Amiens.
Perséphone, spectacle pour appartement créé en avril 2022 pour la Poudrerie – Théâtre des habitants, Scène Conventionnée de Sevran, et répété à la Maison du Théâtre et au Centre Léo Lagrange d'Amiens – le spectacle est issu d'entretiens réalisés auprès de grands-parents et de petits-enfants autour de la relation qui les unit.
Cœur des Ténèbres, adapté d'après le roman de Conrad – spectacle déambulatoire au casque, créé en juin 2023 pour le CCAM – Scène Nationale de Vandœuvre, et joué en forêt à partir du crépuscule jusqu’à la nuit noire.
Un miroir thaï, créé en novembre 2023 pour le Festival International de Bangkok, avec une équipe entièrement binationale (thaïlandaise et française), lauréat du prix de la meilleure mise en scène 2023 en Thaïlande.
Good fortune, spectacle en cantonais créé en novembre 2023 au Théâtre 13 (Paris) pour le French May, le Festival International de Hong Kong, avec un cast de comédien.ne.s intégralement chinois.es.
Kairos et Perséphone ont été répétés à Amiens ; ces répétitions ont été ouvertes à des spectateur.trice.s amiénois.es.
Pour terminer sa résidence, la compagnie crée en 2025 Printemps, fiction écrite à partir d’une immersion d’un mois à Amiens en mars 2024, où, chaque matin, du lever de soleil au zénith, Nicolas Kerszenbaum a arpenté le territoire en s’interrogeant sur ce qui bourgeonnait sur le territoire à la renaissance du printemps.
A Amiens, la compagnie mène des actions de transmission artistique vers les publics :
auprès des adultes amateurs, elle anime le podcast Constellations, où elle recense la parole de spectacteur.rice.s autour des spectacles contemporains joués sur la Métropole (avec la Maison du Théâtre d’Amiens, la Maison de la Culture d’Amiens, la Comédie de Picardie, le Safran).
auprès des jeunes artistes de la métropole, elle co-anime le programme de formation Repairs, qui accompagne pour des périodes de 18 mois trois artistes de moins de trente ans pour leurs premiers pas dans le métier.
auprès d’adultes, elle mène le projet Forêts, où elle marche avec des randonneur.se.s hors des villes, et leur propose des ateliers d’écriture sylvestre au milieu des arbres.
autour d’Amiens, elle mène le projet Chambres avec des lycéen.ne.s de Maison Familiale Rurale, où les adolescent.e.s écrivent pour des acteurs et actrices autour des chambres qui les habitent, mais où eux et elles n’habitent plus.
Retrouvez les projets créés avec le soutien d’Amiens Métropole :
Printemps / Kairos / Perséphone / Constellations / Re[pair]s / Forêts / Chambres